La Revue des politiques sociales et familiales de la CNAF publie un article d’Abdia Touahria-Gaillard, responsable de la recherche et des partenariats scientifiques à l’Observatoire des emplois de la famille. L’article porte sur les expériences vécues d’assistantes de vie qui sont aussi proches aidantes. Cette contribution vient compléter la liste des travaux conduits depuis plusieurs années par l’Observatoire, travaux qui visent à analyser et éclairer les situations des publics dits vulnérables et de leur famille.
L’article « Quand la solidarité familiale fragilise. Les arbitrages des proches aidantes – assistantes de vie » fait l’hypothèse que la compensation financière de la dépendance, lorsqu’elle est versée comme un salaire au proche aidant, redistribue la responsabilité de l’accompagnement au sein de la famille. Les résultats sont issus de l’exploitation de matériaux recueillis lors d’une enquête qualitative conduite en 2015 par l’Observatoire et Iperia, en Occitanie et dans les Hauts-de-France. Quinze assistantes de vie qui ont suivi le module de formation « aidant familial auprès d’un parent âgé » avaient alors été rencontrées et interviewées.
L’analyse des expériences vécues de femmes, professionnelles de l’accompagnement de la perte d’autonomie et qui sont, en même temps, engagées auprès de leur proche dépendant, met en évidence la variété des configurations d’aide et des parcours. Trois rôles-types, qui expriment chacun trois façons d’accompagner son proche dépendant ont été mis en exergue : le proche pilier, le proche-pivot et le proche-variable d’ajustement.
Le pilier dispense une aide totale à son proche dépendant : sa présence est continue et il est identifié comme référent par les institutions et les professionnels qui gravitent au domicile. Le pivot est l’organisateur de l’aide. Même s’il est central, il a suffisamment de ressources (financières et humaines) pour distribuer les rôles autour de la personne dépendante et ne pas (trop) s’épuiser. Le proche – variable d’ajustement a le loisir d’adapter l’intensité et la fréquence de son investissement car il n’est pas central dans l’accompagnement.
Malgré la variété de ces rôles, on constate qu’en France l’assistance familiale a deux facettes : une obligation civile d’assistance familiale inscrite dans la Loi et une obligation morale qui prend la forme d’une redevabilité vis-à-vis de ses parents et qui imprime les expériences personnelles.
L’article est en ligne sur le site de la CNAF.