Les jeunes et les actifs : des aidants aussi indispensables que méconnus et invisibles.
Lors de ses Cafés, l’Observatoire des emplois de la famille invite des experts, des acteurs institutionnels, associatifs et de la société civile, à débattre d’un enjeu de société. Le 30 janvier 2020, des aidants méconnus ont été mis à l’honneur : les jeunes et les actifs. A cette date, le Covid 19 n’était pas une préoccupation et nous n’avions pas expérimenté le confinement, ni la distanciation physique qu’imposent les nouvelles mesures sanitaires. Aujourd’hui le contexte très particulier de la crise que nous traversons, nous invite à porter un autre regard sur les proches aidants. Ces derniers vivent des expériences très variées, prenant des formes différentes selon la situation économique et sociale de la famille ou encore sanitaire du proche aidé. Que le proche soit continuellement présent au domicile de l’aidé ou qu’il organise l’accompagnement à distance, les nouveaux impératifs sanitaires, ont imposé de nouvelles vigilances au domicile face aux risques de ruptures d’aide, d’isolement social et de fragilisation de l’état de santé du proche dépendant.
Déjà, dans notre monde avant Covid 19, nos travaux avaient souligné l’importance de l’aide consentie par les proches et montré à quel point leur travail quotidien était socialement invisible. Ces publications soulignent le manque de visibilité mais également de reconnaissance que subissent les proches aidants, pourtant quotidiennement et silencieusement au front.
Sans réellement se reconnaitre comme tels, conjoints, enfants ou les autres membres de la famille assument des missions d’accompagnement dans de nombreux actes de la vie quotidienne, qui engendrent, chez les aidants, des difficultés pour articuler vie professionnelle et vie personnelle. Actifs et jeunes sont concernés au premier chef. Comment réussir à valoriser ce rôle quand les premiers concernés ne se définissent pas eux-mêmes comme aidants ? Pour prendre la mesure de l’urgence à agir, l’Observatoire a invité des acteurs d’horizons différents. Les associations de représentants d’aidants invitées (Association Je t’Aide, Association française des aidants) portent collectivement la voix des aidants. Des avancées pour la reconnaissance et la conciliation sont possibles et efficaces comme c’est le cas pour les salariés de La Poste où des dispositifs et actions sont proposés grâce à la Direction des Ressources Humaines et à la vigilance des assistantes sociales. Mais la visibilité d’un problème social passe souvent par le recensement. Or le dénombrement des personnes concernées est imparfait en France, voire inexistant pour les jeunes aidants comme l’a expliqué au cours du Café Géraldine Dorard, enseignante-chercheure en psychologie. Un long chemin reste à parcourir et subsiste l’impression que l’expérience de Marina Al Rubaee, aidante depuis l’âge de 6 ans, se répète encore aujourd’hui.