Le 17 janvier s’est tenu à Rennes un temps fort sur le thème : « Transition numérique et emplois à domicile, quels enjeux pour demain ? ». Un croisement de regards particulièrement riche entre intervenants institutionnels, universitaires, mais aussi acteurs du numérique ou de la formation, sur les impacts du digital pour le quotidien des particuliers employeurs.
Incontournable, le numérique bouscule aujourd’hui nos fonctionnements à domicile. Il modifie aussi en profondeur les réponses aux besoins du quotidien, pour l’accompagnement du vieillissement, du handicap, de la petite enfance ou de la maisonnée.
Devant l’ampleur de cette mutation, la FEPEM Bretagne a proposé à ses partenaires et à ses membres de venir partager, à l’aube de cette nouvelle année 2019, réflexions et pistes de travail sur ces sujets majeurs pour l’avenir de l’emploi à domicile. Accueillie par la French Tech de Rennes et par la Vice-présidente de Rennes Métropole en charge du développement économique, cette matinée d’échange a égrené les pépites sur un rythme soutenu :
En guise d’ouverture, l’Observatoire des Emplois de la Famille a remis en perspectives la thématique du jour, avec un bref rappel de l’histoire et des chiffres clés de l’emploi à domicile en Bretagne. Ont été soulignés également les écueils démographiques de demain, pour l’accueil du jeune enfant comme la prise en charge du vieillissement : le manque d’aidants pour s’occuper des nombreux baby-boomers qui parviennent au grand âge, tout comme la nécessité de renouveler 50% des assistants maternels à horizon 10 ans, vont obliger à être inventifs et proactifs dans la recherche de nouvelles solutions – y compris en s’appuyant sur le potentiel du numérique.
La seconde séquence prenait la forme d’un « speed-dating » pendant lequel les participants, par petits groupes, ont pu échanger avec des témoins présentant diverses initiatives dans le domaine des objets connectés et du domicile : l’occasion de voir concrètement fonctionner un robot d’assistance, mais également de réfléchir aux façons d’adapter les compétences des salariés à ce nouveau paradigme, ou d’innover en développant des marathons créatifs mêlant chercheurs, industriels, usagers et passionnés d’informatique.
Toujours dans cette idée de croiser les regards, la table ronde suivante a mis en dialogue des institutionnels (CNAF, Urssaf) avec des acteurs du numérique pour éclairer le foisonnement croissant des applications de mise en relation entre particuliers et salariés, avec en arrière plan les dangers potentiels d’une uberisation de notre secteur. Si ces risques ne peuvent être écartés au vu des outils qui se développent outre-Atlantique, les participants ont fait ressortir quelques idées-forces pour allier la fluidité numérique et le respect d’un socle fondateur : l’apport des règlements européens (cf. RGPD) pour réguler les plates-formes et protéger les usagers ; l’intérêt des partenaires sociaux à adapter les cadres conventionnels aux outils numériques ; l’importance de l’ergonomie et du design dans le succès des sites et applis, a fortiori pour le service public… Non sans rappeler encore et toujours la spécificité du lien interpersonnel, aux sources de l’emploi entre particuliers, qui l’empêche d’être réduit à un simple algorithme.
Enfin la dernière séquence, conduite par P. Plantard, Vice-président de l’Université Rennes 2 spécialisé sur les usages du numérique, s’est penchée sur les enjeux de l’accès pour tous dans le contexte de dématérialisation des démarches. Son tour d’horizon, sociologique et pratique, a permis de pointer les disparités d’équipement, de couverture réseau mais aussi d’éducation, avec des outils numériques qui renforcent souvent les inégalités territoriales et sociales, même pour les jeunes générations. Il a également tempéré le mythe du tout numérique, en évoquant les mouvements de déconnexion volontaire ou le plafond que semblent atteindre les taux d’équipements informatiques des foyers. Mais il a aussi développé les potentiels d’appropriation et de transformation liés au numérique, en insistant sur la nécessité de prendre en compte les usages réels, ancrés dans le quotidien et le local, pour édifier une culture numérique partagée et solidaire.
Nourri aussi par les apports des membres du Réseau Particulier Emploi, le cheminement de cette matinée permet à l’emploi à domicile de mieux préparer l’avenir, au service des 197 000 particuliers employeurs bretons et de leurs 72 000 salariés.