L’Observatoire des emplois de la famille élargit ses thématiques de recherche et se dote de nouvelles compétences en ergonomie et prévention des risques professionnels, pour une étude en collaboration avec l’ANACT et la CNAMTS, qui sera publiée au premier semestre 2018.
Quels sont les liens entre l’ergonomie et la prévention des risques professionnels ?
L’ergonomie a pour objectif de comprendre le travail humain dans son environnement en vue d’améliorer les conditions de travail, la santé, la sécurité des travailleurs et la performance globale du système de travail. Elle s’est d’abord développée dans les secteurs industriels et a ensuite gagné d’autres milieux professionnels, notamment les activités de service, en suivant l’évolution du travail et l’évolution des demandes sociales qui lui étaient adressées.
L’ergonome produit, avec les travailleurs volontaires, une analyse de leurs conditions de travail, pour en anticiper les conséquences et les améliorer. Ainsi, l’ergonomie contribue à développer la prévention des risques professionnels en transformant le travail pour l’adapter aux femmes et aux hommes et mieux articuler la santé et la performance.
Pouvez-vous nous décrire la mission qui vous a été confiée par l’Observatoire ?
Dans le cadre d’un projet postdoctoral, je conduis pour l’Observatoire, une étude sur la prévention des risques au domicile en partenariat avec l’ANACT et la CNAMTS. La prévention est un enjeu important dans le secteur tant pour la qualité des conditions de travail des salariés que pour la qualité de vie et l’autonomie des particuliers employeurs âgés.
Cette étude est une suite des travaux menés par la CNAMTS, l’INRS, le Groupe IRCEM et la FEPEM, qui ont conçu des outils d’information, de sensibilisation, de formation et d’aide au repérage des risques et organisé leur diffusion à destination des particuliers employeurs et des salariés. Elle répond également à l’engagement des partenaires sociaux dans le cadre du troisième Plan santé au travail (2016-2020), porté par le Ministère du travail et la DGT, dans lequel l’emploi à domicile est ciblé comme secteur prioritaire.
En 2017, cette étude se déroulera sur le territoire de la région Auvergne-Rhône-Alpes, en association avec la FEPEM implantée à Lyon. Les résultats permettront d’alimenter une démarche innovante de prévention qui sera déployée à partir de 2018.
Quelles méthodes utilisez-vous pour étudier les risques au domicile et développer la prévention ?
Il y a deux niveaux d’action sur lesquels nous intervenons.
Le premier consiste à produire de la connaissance sur les conditions de travail au plus près des réalités vécues au quotidien par les salariés, pour identifier les leviers d’action sur lesquels agir. Nous prévoyons de rencontrer des binômes d’employeurs et de salariés pour mener des entretiens semi-directifs. Ensuite, nous approfondirons les résultats obtenus en réalisant des observations du travail au domicile des particuliers employeurs pendant le temps de travail du salarié. Ces observations vont nous permettre d’étudier les conditions réelles de travail en s’intéressant par exemple aux différents espaces de travail du salarié, à la diversité des tâches réalisées, à la durée prévue et effective de chacune des tâches à réaliser, aux rythmes de travail, aux sollicitations biomécaniques et cognitives, et aux interactions entre le salarié et le particulier employeur ou éventuellement avec d’autres personnes présentes (famille, autres intervenants, etc.).
Le second niveau d’action consiste à proposer une cartographie des acteurs qui participent à la prévention des risques professionnels dans le secteur, étape indispensable pour les mobiliser et développer l’efficience de la prévention lors du déploiement des actions à partir de 2018. Ces acteurs peuvent être situés à différentes échelles : à l’échelle du domicile, ainsi qu’à l’échelle du territoire local et national. Après les avoir identifiés, nous rencontrerons ces acteurs dans le cadre d’entretiens pour mieux appréhender leur vision de la prévention des risques dans l’emploi à domicile.
In fine, l’étude devra permettre aux partenaires de concevoir des moyens d’agir collectivement en prévention en tenant compte des spécificités du secteur et des conditions de travail des salariés.